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Cette rubrique a été mise à jour le 11 janvier 2015 Il est important de s'informer car un homme
ignorant est en danger. "L'ignorance est la mère
de toutes les erreurs." Samaël Aun Weor Pour être capable d'exercer son sens
critique, il est important d'être le mieux informé possible... et la
connaissance est une source de trésors inépuisables ! "La bataille contre
l’ignorance se gagne tous les jours et elle finit par ouvrir sur des
perspectives insoupçonnées." Dalaï Lama Aussi, je vous propose une petite revue de
presse sur différents sujets d'actualité et d'intérêts. Si vous avez des commentaires ou des News à
partager, n'hésitez pas à me contacter (voir plus bas dans la page) pour m'en
faire part. Bonne lecture !
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Y a-t-il un génocide invisible des femmes en Asie ?
News # 792 insérée le 07 juin 2012 dans la catégorie Société
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C'était une information comme il y en a des
milliers dans les rubriques des faits divers. Un petit article du Hindustan
Times, paru le 19 avril, qui signalait que, pour la deuxième fois dans la même
semaine, on avait trouvé, dans la ville de Gurgaon, non loin de New Delhi,
une petite fille tout juste née et déjà abandonnée. La
première sous un arbre, la seconde dans une poubelle. Dans sa
dernière phrase, l'auteur de l'article rappelait que,
selon le recensement de 2011, le sex-ratio à Gurgaon était tellement
déséquilibré qu'il naissait 853 filles pour 1 000 garçons. On a beau savoir, depuis de nombreuses années,
que les avortements sélectifs sont monnaie courante en
Inde, ce genre de chiffres est toujours un choc. Le phénomène est tel
que les journaux indiens emploient fréquemment l'expression de "female
fœticide" (fœticide féminin), qui est même devenue un mot-clé dans The Times
of India. Pour me rafraîchir la mémoire, j'ai récupéré quelques autres études et
données chiffrées. Le sex-ratio "normal" chez l'homme est d'environ 105
garçons pour 100 filles à la naissance et c'est, par exemple, ce que l'on
constate en France. Il peut y avoir quelques fluctuations de quelques points
autour de cette proportion, mais rien d'énorme. Il naît naturellement plus de
garçons que de filles et, au fil du temps, les deux populations s'équilibrent
(les hommes ont plus d'accidents et sont plus "fragiles" que les femmes),
puis le rapport s'inverse, puisque ces dames vivent plus longtemps que ces
messieurs. Ainsi, en France, pour 100 femmes de 65 ans et plus, il ne reste plus
que 74 hommes dans la même tranche d'âge. Au total, sur la population générale,
on compte 96 Français pour 100 Françaises. Chez les deux géants asiatiques que sont l'Inde
et la Chine, le sex-ratio à la naissance a depuis un bon moment quitté les rives
de la normalité, avec respectivement 112 et 113 garçons pour 100 filles. La
raison est à la fois culturelle, politique et technologique. Culturelle d'abord,
car c'est la préférence pour les mâles, encore très
marquée dans ces sociétés, qui est le moteur premier des avortements sélectifs.
Technologique car, même s'il ne faut pas oublier que des infanticides de filles
existent depuis toujours, l'ampleur du phénomène
s'explique par la généralisation de l'échographie au cours des dernières
décennies, qui permet de déterminer le sexe du fœtus. Politique
enfin, car le désir des États de contrôler la démographie et d'abaisser le taux
de fécondité (avec par exemple la politique de l'enfant unique en Chine) met une
pression supplémentaire sur les familles. Les mêmes États ont donc introduit des
lois pour juguler les IVG anti-filles, et la Chine, qui était grimpée à un
sex-ratio de 120 garçons pour 100 filles au cours des années 2000, avec un pic à
137 garçons pour 100 filles dans la province du Jiangxi en 2004, a vu ce chiffre
sensiblement baisser dernièrement (même s'il faut parfois se méfier des
statistiques officielles). En Inde, en revanche, le
"fœticide féminin" ne semble pas vraiment sur le déclin, comme
l'a expliqué une étude parue en 2006 dans The Lancet. La sélection prénatale
s'avère particulièrement redoutable dans le cas où les premiers enfants nés sont
de sexe féminin. Si le couple a déjà une fille, le sex-ratio pour le deuxième
bébé n'est plus que de 749 filles pour 1 000 garçons. Et si les deux premiers
enfants sont des filles, la proportion pour le troisième baisse encore à 719
filles pour 1 000 garçons ! La même étude estime que, entre 1985 et 2005,
environ un demi-million de petites Indiennes ont manqué chaque année à l'appel,
soit un total de 10 millions d'individus sur les deux décennies. D'où
l'interrogation qui figure en titre de ce billet :
peut-on parler de génocide invisible des femmes en Asie, sachant que des
anomalies du sex-ratio sont signalées en Chine et en Inde, mais aussi au
Pakistan et au Vietnam ? C'est un sujet délicat, car certains ne se
priveront pas de se saisir de cette dénonciation des avortements sélectifs pour
remettre en cause le droit à l'interruption volontaire de grossesse – ce dont il
n'est évidemment pas question ici. Autre obstacle : ce détournement misogyne de
l'IVG est un processus silencieux qui joue sur le long terme ; il ne se
manifeste pas brusquement ni de manière spectaculaire, et les médias, faute
d'actualité brûlante, ont donc du mal à s'en emparer. Pour finir, je voudrais signaler que
ce phénomène fait des ricochets ailleurs qu'en Asie, tout
d'abord par le biais des communautés expatriées qui continuent, au moins pour un
temps, de privilégier une descendance masculine. Ainsi, un sex-ratio
anormal chez les enfants nés de parents indiens vivant en Angleterre et au Pays
de Galles a-t-il été mis en évidence dans une étude parue en 2007. Au début du
mois de mai, The Economist a relevé une autre étude montrant le même genre de
phénomène, cette fois dans la province canadienne de l'Ontario, dans des
familles venant d'Asie du Sud et du Sud-Est. Enfin, certains pays
d'Europe succombent aux préjugés anti-filles et pratiquent les avortements
sélectifs y afférent. Le signal d'alarme a été tiré il y a quelques
mois, en octobre 2011, par l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, qui
a adopté une résolution intitulée "La sélection prénatale en fonction du
sexe". On y lit notamment qu'"au cours des dernières années, l’écart par
rapport au sex-ratio naturel à la naissance a atteint des proportions
inquiétantes dans plusieurs États membres du Conseil de l’Europe. C’est
notamment le cas de l’Albanie, de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan - où le taux
actuel est de 112 garçons pour 100 filles -, et de la Géorgie - où il est de 111
garçons pour 100 filles. (...) L’Assemblée souhaite attirer l’attention des
États membres du Conseil de l’Europe sur les conséquences sociales de la
sélection prénatale en fonction du sexe, notamment sur les déséquilibres
démographiques susceptibles de créer des difficultés pour les hommes dans la
recherche d’une épouse, de mener à des violations graves des droits de l’homme
telles que la prostitution forcée et la traite à des fins de mariage ou
d’exploitation sexuelle, et de contribuer à une montée de la criminalité et des
troubles sociaux." Source : Le Monde du 3 juin 2012 (http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2012/06/03/y-a-t-il-un-genocide-invisible-des-femmes-en-asie/)
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